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18/05/2010

Paysans d'Europe en lutte : obliger les gouvernements à redécouvrir "le long terme et l'intérêt public"

2010%2004%20pancartage%20cr62[1].jpg  ...A la veille du débat au Sénat sur la "modernisation de l'agriculture",  et alors que "les agriculteurs traversent une des crises les plus graves qu'ils aient eu à connaître au cours des trente dernières années" (dixit Bruno Le Maire), passons la parole au président de la Coordination rurale, François Lucas :


''Nous devons à tout prix gagner la bataille de la compétitivité, notamment contre l'Allemagne''... Comment un ministre français [NDLR : Bruno Le Maire], ancien secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, germanophone et présenté comme germanophile, a-t-il pu prononcer une telle phrase devant un congrès d'un syndicat de producteurs laitiers fin mars ? Lui qui, depuis qu'il a pris ses fonctions, n'a pas cessé d'affirmer sa volonté de convaincre les autres Etats de l'Union européenne de s'unir pour revoir la politique laitière et au delà la PAC dans son ensemble, vient tout à coup donner un coup de canif dans le lien franco-allemand.

Nous ne pouvons ni comprendre ni admettre un tel comportement qui nous ramène 70 ans en arrière et qui va à l'encontre de l'idée européenne, surtout lorsqu'on sait que nos collègues allemands ont les mêmes coûts de production que nous et qu'ils sont eux aussi désespérés par le prix cassé du lait.

La grève du lait nous a enseigné que nos intérêts sont les mêmes que les leurs, qu'ils rejettent comme nous la logique d'asservissement de la PAC aux règles de l'OMC, qu'ils veulent, comme nous, être reconnus dans leur dignité.

Nous savons aussi qu'aucun paysan au monde ne travaille pour supprimer d'autres paysans, mais que tous veulent simplement élever et faire vivre dignement leur famille en nourrissant la population et en soignant leur environnement.

Cette déclaration belliqueuse et teintée de nationalisme rend d'autant plus urgent l'aboutissement de l'union syndicale européenne de tous les agriculteurs à laquelle nous oeuvrons depuis plusieurs années. C'est le seul moyen de faire plier la Commission européenne rivée sur son dogme du libre-échange et de l'organisation commerciale du monde que l'incurie politique des grands Etats membres a laissé s'installer avec une grande stupidité.

Il nous faut une régulation intelligente de la PAC, avec de nombreux agriculteurs. C'est le seul moyen de préserver un des seuls atouts de l'UE pour le XXIe siècle.

Cette union doit obliger nos gouvernements au courage et à l'audace de remettre en cause ce qu'on appelle depuis plusieurs années leur ''gouvernance'' : il faut bien hélas reconnaître que celle-ci est devenue à très courte vue, qu'elle ne s'appuie pas sur une analyse du long terme et de l'intérêt public, mais qu'elle relève surtout de la gestion, de la durée et du renouvellement de leur mandat.

Nous devons prouver que, si l'Union européenne de nos responsables politiques est un concept artificiel, celle des agriculteurs est bien une réalité et que ceux-ci veulent marcher au même pas en s'épaulant plutôt que de mener le combat fratricide et sans issue de l'impossible compétitivité. Nous, paysans européens, devons imposer notre volonté de vivre dignement tout en servant l'intérêt de nos concitoyens et en assurant leurs besoins vitaux comme leur bien-être.

C'est le sens que nous donnons à la campagne d'affichage que nous lançons en France puis chez nos relais de l'EMB dans les autres pays européens, sur le thème des prix justes et équitables. C'est une démarche pour toutes les productions, qui s'inscrit dans la suite logique de la grève du lait. Il ne s'agit pas de quémander des subsides ou de nouveaux prêts de la part de l'Etat français, mais de s'unir tous contre l'Europe des technocrates, des directives et du mépris, pour faire gagner l'Union européenne des peuples et de leur dignité. Ne comptons pas sur le COPA-COGECA [1] pour le faire à notre place puisqu'il vient du même tonneau que cette Europe qui nous supprime : du nord au sud et d'est en ouest, prenons nos pinceaux, nos palettes et nos bâches et affichons en bordure de nos champs notre détermination pour une PAC faite de prix rémunérateurs et nettoyée de ses paperasses et de ses contrôles. C'est ainsi que nous sèmerons l'espoir pour étouffer le mal qui nous ronge. 

François LUCAS

président de la CRUN [2]

CR-Infos, mai 2010

 

 

[1] COPA-COGECA : Comité des organisations professionnelles agricoles (de l'Union Européenne) - Confédération générale des coopératives agricoles (idem).

[2] Coordination rurale Union nationale : 1, impasse Marc-Chagall - BP 50590 - 32022 Auch cedex 9 www.coordinationrurale.fr

  

Commentaires

CE QUI MANQUE

> Le long terme et l'intérêt public : ce qui manque à la post-démocratie occidentale, application de l'esprit de marché à ce qui fut le "politique" naguère.
______

Écrit par : Ranulf / | 19/05/2010

COTON OGM

> Juste un petit message, glané sur un site agricole, au sujet des "bienfaits" du coton OGM.... Sans commentaire
http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/ogm-chine-le-coton-bt-favorable-aux-ravageurs-secondaires-et-aux-insecticides-etude-27472.html
______

Écrit par : Alex / | 19/05/2010

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